L'Avenir, dundee de Concarneau

Pour réaliser la coque de ce thonier, j'ai utilisé le kit de la Marie-Jeanne de chez Artésania Latina. Avec une bonne documentation, il est possible de l'améliorer sans grande difficulté.

 

Dans ce cadre, la monographie de la Marie-Jeanne de l'AAMM est très utile. Et bien entendu la "Bible" : le tome 2 de la série AR VAG, voiles au travail en Bretagne Atlantique, que connaissent tous les férus de vieux gréements.

 

Pour personnaliser la maquette, j'ai choisi de représenter un bateau bien identifié (la Marie-Jeanne n'a jamais existé). Il s'agit de l'Avenir, le premier dundee construit à Concarneau en 1906. Voici ce qu'en dit le site Internet de la ville de Concarneau :

 

"C’est en juin 1906 que l’Avenir, premier dundee concarnois de 58 tonneaux de jauge brute, est mis à l’eau sous l’immatriculation 628 CC. Ce solide bateau est celui du patron pêcheur de la Ville-close Gabriel Bérou, dit Le Lapin. Marin chevronné – il pratique la pêche à la drague et à la sardine – Gabriel Bérou a 39 ans quand il se lance dans le thon. Son bateau, il l’a financé avec l’aide de trois armateurs associés : Louis Le Roy (charpentier naval), Louis Bolloré (maître cordier) et Théophile Le Rose (voilier). « Il s’est tourné vers des acteurs du monde maritime pour monter son projet. La légende dit qu’il aurait aussi détourné l’argent des livrets d’épargne de ses filles pour financer sa part…, s’amuse Michel Guéguen. C’est un pionnier à Concarneau, même s’il vient après les Douarnenistes.

Ces derniers, qui iront jusqu’en en Afrique pour pêcher le thon, disaient que ceux de Concarneau avaient peur du large… » Dix neuf mètres de pont, 13 mètres de quille, l’Avenir est conçu pour tenir la haute mer. Et cette fois, la première campagne de pêche est un succès : il rentre avec près de 1 000 pièces entraînant un bénéfice de 4 000 francs. L’élan est donné : L’Avenir, premier thonier au nom prédestiné, marque le début d’une reconversion très rapide du port et des pêcheurs de Concarneau. Dès 1912, le port arme une douzaine de ces bateaux ; en 1936 ils seront plus de 150. Bérou continuera la pêche au thon, mais aussi la sardine et la drague. « Il fait construire deux autres navires, l’En avant et l’Audacieux, sur lesquels il formera de bons marins qui deviendront eux-mêmes patrons. Il ira ensuite pêcher la langouste en Afrique pour laquelle il invente une petite drague. » Bérou l’intrépide tient d’ailleurs son surnom, selon certains, de sa fâcheuse habitude de bouleverser les traditions. Car on ne prononce jamais le mot « lapin » sur un bateau."

 

Les dimensions générales de l'Avenir correspondent bien à celles de la maquette de la Marie-Jeanne. Quant aux détails des lignes d'eau et des aménagements, mystère. Les nombreuses photos de AR-VAG complèteront donc utilement la monographie de l'AAMM.

 

 

 

Voici la seule photo que j'ai pu retrouver de l'Avenir, avec son matricule bien identifiable sur la voile et ses tangons de pêche au thon en place près du mât.

 

 

 

L'illustration ci-contre est due au talent de Henri KERISIT, par ailleurs contributeur majeur à AR VAG, dans ses portraits de bateaux.

 

Je m'en suis servi comme référence pour la mise en couleurs de la maquette.

Donc, au travail ! La construction de la maquette a pris environ 3 mois, de février à mai 2023, mais le temps passé n'a guère d'importance ici !

30 janvier - Mise en chantier

 

Avant montage, la quille, l'étrave et l'étambot ont été épaissies de 1 mm de chaque côté (placage) pour atteindre 5 mm. Ce qui permet également de réaliser facilement la râblure.

 

La quille a été percée et munie de 2 tubes en laiton dans lesquels s'enfilent des tiges en acier. Ce montage servira de chantier puis pour la présentation de la maquette terminée.

4 février - Premières virures

 

La coque étant destinée à être peinte, ce travail est effectué assez rapidement, avec cependant un léger brochetage des virures.

A noter que les lattes fournies dans le kit doivent être raboutées compte-tenu de la longueur de la coque. 

10 février - Dernière virure

 

Les virures sont posées alternativement de chaque côté afin d'éviter tout risque de déformation de la quille.

13 février - Grattage, masticage, ponçage et pose des pavois

 

 

Les pavois fournis dans le kit ont été modifiés pour diminuer légèrement la tonture qui me semblait trop accentuée.

19 février - Pont, plat bord ...

 

et fin de l'utilisation du kit. Les divers éléments ajoutés (jambettes, taquets, poulaines ...) sont fabriqués à partir de la documentation citée plus haut. 

 

L'emplacement des barrots est tracé pour servir de repère au cloutage du pont.

 

Quelques vues de détail :

21 février - Cadènes de haubans

 

Celles-ci sont fabriquées en tôle d'aluminium de 0,2 mm et légèrement encastrées dans les préceintes.

23 février - Pose des lattes du pont

 

Le champ des lattes est noirci au feutre pour simuler le calfatage. Leur longueur doit respecter l'emplacement des barrots du pont.

27 février - Pont terminé

 

Le cloutage est simulé par de légers poinçonnements. Il doit rester très discret (ce qui est bien le cas sur cette photo !).

2 mars - La table à thons

 

Un éléments caractéristique de ces thoniers : après avoir été éviscérés, les poissons y étaient suspendus par deux par la queue et le patron priait pour qu'ils conservent leur fraîcheur jusqu'au retour au port.

 

 

Une bonne partie des équipements du pont est à poste ainsi que les premiers éléments de la mâture.

 

La ligne de flottaison a été tracée au trusquin et les oeuvres vives peintes en noir mat.

 

 

 

 

Une vue que je trouve assez sympathique à ce stade de la construction.

 

15 mars

 

Calage du mat de tape-cul sur les jambettes du tableau arrière. Le réglage du bazar est un peu délicat pour que le mât soit bien vertical.

 

La face intérieure des pavois est peinte en blanc, comme tous les équipements du pont, les extrémités des espars, les poulies, etc.

 

 

25 mars

 

Mise en place de l'étai et des haubans avec leurs caps de mouton.

 

Et la coque a pris ses couleurs (la table à thons est juste posée pour la photo).

Et l'Avenir connaît alors une pause de plusieurs semaines pendant lesquelles j'ai été initié au fonctionnement de la machine à coudre de madame.

 

Le base est un coton blanc et fin, provenant du magasin habituel de mon épouse. Je l'ai teinté  avec de la teinture à tissu mélangée à de la bétadine (!), dans plusieurs nuances différentes, comme l'illustration ci-dessus.

 

Pas facile d'aller droit et de faire des laizes régulières ! Et la couture des ralingues, à la main, est un vrai travail de patience. Après beaucoup d'essais, je pense être parvenu à des voiles acceptables.

 

 

 

15 avril

 

 

Voici la trinquette avec ses garcettes de ris.

 

 

 

23 avril

 

 

 

 

 

 

La trinquette est en place sur l'étai, le foc est à poste et on hisse la grand-voile. L'affaire prend forme !

 

 

10 mai

 

Après encore quelques efforts, toute la voilure est en place, avec des ondulations suffisamment marquées pour la rendre quelque peu vivante.

 

Les tangons et les lignes à thon sont en place.

 

L'Avenir, flambant neuf, gite un peu en partant pour sa première marée et pour moi c'est la fin de cette aventure !