Vexillifer de Constantin
Retour dans l'antiquité romaine avec ce Vexillifer proposé par Soldiers. La gravure est de A Laruccia.
Le personnage est daté de 312 après JC, après la bataille du pont Milvius.
Cette bataille opposa, le 28 octobre 312, les deux Auguste de l'ouest qu'étaient Constantin et Maxence. Elle doit son nom au pont Milvius qui enjambe le Tibre à quelques kilomètres au nord-est de Rome.
La victoire de celui qui allait devenir l'empereur de Rome Constantin le Grand consacre le début d'une nouvelle ère pour l'Empire tout entier.
Ce n'est que lorsque les armées de Constantin arrivent aux environs de Rome que Maxence sort à sa rencontre. Il dispose des cohortes prétoriennes. Les deux armées s'affrontent à Saxa Rubra (les Roches rouges), sur la Via Flaminia, à une dizaine de kilomètres au nord-est de la capitale. Maxence choisit de combattre devant le Pont Milvius, un pont de pierre auquel a succédé l'actuel Ponte Milvio (appelé aussi Ponte Molle) et qui surplombe le Tibre. La possession de ce pont était essentielle pour Maxence, car il pouvait craindre que le Sénat romain donne sa faveur à quiconque tiendrait la route de Rome.
Peu avant le début de la bataille, Constantin déclara avoir eu une vision, qui lui apparut sous la forme d'un chrisme, symbole formé de la conjonction des lettres grecques Chi et Rho (XP), soit les deux premières lettres du mot Christ. Constantin vit ou entendit également Εν Τουτω Νικα, traduit en latin par In hoc signo vinces ("Tu vaincras par ce signe"). Bien que païen, Constantin décida de faire apposer ce symbole sur le bouclier de ses soldats.
Dépassé en nombre, Constantin fit preuve de ses talents de général et commença à repousser les troupes ennemies vers le Tibre. Alors que Maxence se repliait vers Rome en traversant un pont mobile (fait de bateaux alignés), ses ingénieurs pris de panique sectionnèrent les attaches de celui-ci. L'empereur et plusieurs centaines d'hommes se noyèrent.
Ci-contre, le songe de Constantin et bataille du pont Milvius.
Illustration des Homélies de Grégoire de Nazianze, 879-882, Bibliothèque nationale de France.
Constantin fut accueilli à Rome et proclamé unique Auguste romain d'Occident, mais toujours co-empereur aux côtés de Maximin et Licinius. Il crédita sa victoire au nom du Dieu des Chrétiens, dont il interdit la persécution sur les territoires qu'il dirigeait, prolongation d'une politique appliquée depuis 306 dans les provinces de Gaule et de Bretagne. Sous sa protection, la foi chrétienne se propagea sans être inquiétée.
Les cohortes prétoriennes vaincues ne furent pas reconstituées et disparaissent de l'histoire de Rome après avoir fait et défait plusieurs empereurs ; les scholes palatines les remplacent dans leur rôle de garde rapprochée et d’unités d’élites.
Constantin s'allia en 313 avec Licinius contre Maximin. Cette alliance conduit à la proclamation de l'édit de Milan en avril 313 : un édit de tolérance par lequel chacun peut « adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel » ; il accorde la liberté de culte à toutes les religions et permet aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l'empereur comme un dieu.
La figurine - Petite transfo pour commencer !
La figurine présentée ici est donc un vexillifer (il porte la petite enseigne appelée "vexillum"), appartenant à la "Cornuti seniores", de l'auxilia palatina, corps d'infanterie créé par Constantin.
Sur ce personnage, le chrisme sera apposé sur le vexillum, le bouclier restant orné du symbole des Cornuti.
Bien qu'originale, l'attitude de la figurine, qui brandit un casque, me plaît modérement. De même, le décor fourni dans la boîte m'inspire fort peu.
Grâce à une greffe complétée d'un peu de milliput pour refaire certaines parties de la cotte de mailles, le personnage tiendra son vexillum à la main. Et il sera placé sur un décor suggérant un pont de pierre, le bouclier étant appuyé contre le parapet à l'arrière plan. L'ensemble tient sur un socle carré de 40 mm de côté.
Voilà pour le montage.
Premières couleurs à la Humbrol mat. Les grandes zones d'ombre et de lumière de la cape ont été ébauchées à ce stade. Les couleurs utilisées sont les suivantes :
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cape : mélange de noir 33, beige 63 et gris 28
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cotte de mailles et casque : 2 couches très diluées de noir 33
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bandes molletières : mélange de noir 33 et beige 63
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tunique : rouge 60
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chaussures et autres pièces de cuir : marron foncé 98
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peau : chair 63
La peinture
Pas de pas à pas cette fois-ci, juste quelques vues de détail de la pièce terminée.
L'action se situe après la bataille, la pièce est donc généreusement salie ... à l'exception du vexillum que Constantin vient de confier à ce brave guerrier
Le bouclier porte le symbole des Cornuti. Une pièce de cuir cloutée borde l'ensemble.
Les marques d'impact gravées sont renforcées à la peinture, d'autres sont ajoutées en trompe l'oeil.
La partie centrale (l'umbo, qui servait à protéger la main tenant le bouclier) est peinte avec un mélange de poudre argentée, de noir d'ivoire et de brun Van Dyck et de peinture).
Plusieurs jus de peinture sont appliqués sur la pièce pour créer une surface salie. Enfin, de multiples petites tâches, quelques trâces de sang, des éclaboussures ... sont posées au pinceau, de manière un peu aléatoire.
La tunique rouge porte des ornements caractéristiques de l'époque. La cotte de maille est travaillée en plusieurs temps :
- un mélange assez brillant de poudre d'argent et de noir d'ivoire pour commencer,
- puis de multiples jus de peinture pour patiner l'ensemble et accentuer les creux de la gravure,
- et quelques points de lumières sont posés à la fin, de manière très modérée, l'ensemble devant avoir un aspect fatigué.
Les souliers et les bandes molletières sont travaillés avec des jus de peinture ; les lumières sont apportées dans le frais.
Les parties métalliques du casque sont peintes selon le même procédé que la cotte de maille.
La gravure des bordures de cuir est très fine, attention de ne pas l'empâter :
- tout d'abord une couche beige clair un peu diluée ;
- lorsque c'est bien sec, un jus de peinture bien épais (noir + TOB) vient accentuer la gravue en se déposant au fond des creux ;
- on éclaire un peu les arêtes et les coutures et le tour est joué
La décoration du vexillum est une friandise ! Lorsque le fond (rouge foncé + un peu de violet) est bien sec, dessiner un cercle à main levée, avec du blanc de titane + gris de Payne bien dilué au WS. Puis les feuilles, dont l'orientation suit le tracé du cercle, et le chrisme au centre.
Après séchage on reprend l'ensemble. Les lambrequins et la frange sont peints avec le même mélange.
Enfin la hampe du vexillum est décorée d'une fine ligne ; pour commencer, à l'aide d'un réglet, poser de petits points de peinture espacés de 5 mm ; ces petits repères sont bien utiles pour obtenir un enroulement régulier !
La cape est généreusement salie suivant le même principe que le bouclier :
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des jus de peinture sombre (Noir, Brun Van Dyck, TOB ...), plus épais dans la partie basse ;
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lorsque c'est bien sec, je passe une couche de WS sur l'ensemble, et immédiatement je projette de la peinture liquide à l'aide d'un gros pinceau plié au bout du doigt (pas facile à expliquer) ; les trâces se fondent légèrement sur la surface encore humide de WS ;
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je termine avec d'autres éclaussures sur fond sec, toujours avec des jus bien dilués
Bien entendu, tout l'environnement de la cape bénéficie de ce traitement, notamment la tunique, ce qui contribue à l'homogénéité de la pièce.
Et voici la pièce terminée. On appréciera le petit sourire du personnage, blessé et bien fatigué après la bataille, mais heureux d'avoir vaincu et fier de porter la bannière personnelle de Constantin que celui-ci vient sans doute de lui confier ...
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Duck (lundi, 03 novembre 2014 16:48)
Hello jfp, figurine intéressante à plus d'un titre, la couleur de la cape m'inspire ainsi que l'astuce des salissures...
Bel équilibre des teintes.