Massinissa, roi numide

Un nouveau personnage a fait son apparition dans la série consacrée par Art Girona aux héros l'Antiquité : il s'agit de Massinissa, premier roi de la Numidie unifiée.

 

Né vers -238, il mourut en -148, à l'âge plus que canonique de 110 ans. Il règna pendant 54 ans, de -202 à sa mort.

 

Massinissa est resté un héros à travers les siècles. Homme courageux et roi généreux, l'histoire (ou la légende ...) dit de lui qu'il garda, jusqu'à l'âge le plus avancé, une étonnante vigueur (on lui prête une descendance de 43 garçons). Il pouvait rester une journée entière debout ou à cheval. Octogénaire, il sautait sur sa monture sans aucune aide et dédaignait l'usage de la selle. À 88 ans, il commanda son armée dans une grande bataille contre les Carthaginois.

 

Cette bataille, c'est bien entendu celle de Zama, en -202, menée contre le célèbre Hannibal aux côtés du non moins célèbre Scipion, qui s'était fait un allié de Massinissa dans la guerre menée par Rome contre Carthage en Afrique. La défaite d'Hannibal à Zama le conduira à s'exiler en Syrie. Carthage fut contrainte de restituer à Massinissa tous les territoires qui avaient été arrachés à ses ancêtres.

 

Après cette bataille, Massinissa vécut encore de nombreuses années et récupéra de nombreuses autres villes placées sous l'autorité de Carthage.

 

L'œuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son œuvre militaire. Il édifia un état numide puissant et le dota d'institutions inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit frapper une monnaie nationale et entretint une armée régulière et une flotte qu'il mit parfois au service de ses alliés romains. Il s'efforça de faire de la Berbérie un état unifié et indépendant. Il garda toute sa vie l'amitié de Rome sans jamais être son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule restée célèbre : « l'Afrique appartient aux Africains ». Une formule qu'on a répété depuis !

La figurine proposée par Art Girona est sculptée par Adriano Laruccia, dont on ne présente plus le talent.

 

Et pourtant, cette pièce ne semble pas faire l'unanimité : épaules trop larges, bras trop longs, bassin mal positionné, j'ai lu et entendu de nombreuses critiques ... que je ne partage pas !

 

Je trouve au contraire que l'attitude générale du personnage est remarquable de majesté. Quand au visage, c'est pour moi l'une des plus belles gravures de l'auteur.

La pièce est préparée selon le procédé habituel, détaillé par ailleurs sur le site, puis assemblée en quasi-totalité : seule l'épée est conservée en pièce séparée. L'ensemble reçoit alors la traditionnelle couche de base grise.

 

 

Le décor se résumera à un sol rocailleux, dont la fabrication ne prend que quelques instants :

  • une couche de milliput est posée sur le socle (un carré de 35 mm) ; les empreintes des pieds du personnage sont prises dans le frais ;
  • puis des petites pierres, des graviers et du sable, ainsi que deux touffes d'herbe, sont collés sur un lit de colle blanche badigeonné sur le milliput ;
  • après séchage, le tout est également peint en gris mat.

 

 

Première ébauche des couleurs du personnage, à la peinture Humbrol bien diluée.

 

Si vous observez les photos qui suivent, vous constaterez que j'ai tenté un "pré-ombrage" et un "pré-éclairage" directement à la peinture Humbrol. 

 

Quelques coups de pinceau supplémentaires suffisent, c'est donc très rapide. Par transparence, ces tâches de couleur contribueront à accentuer les contrastes. Elles facilitent aussi le repérage des zones d'ombre et de lumière. Leur intensité doit cependant rester modérée pour que leurs limites franches ne perturbent pas les fondus, en raison de la transparence de la peinture à l'huile.

La mise en couleurs ne présente aucune difficulté.

 

La cotte de maille est réalisée avec un mélange assez sombre de poudre métallique argentée et de peintures à l'huile : noir d'ivoire, brun Van Dyck et un soupçon de violet de Bayeux.

Lorsque la première couche est sèche, on reprend les ombres avec des jus de peinture, et on éclaire les reliefs en ajoutant de la poudre au mélange initial.

Les dernières lumières sont portées à la poudre pure liée au liquin. Ces éclats restent modérés, l'ensemble devant garder un aspect assez terme.

 

Sur cette cotte de maille, Massinissa porte une ceinture de tissu que j'ai traitée en violet : du violet de Bayeux, du noir de bougie pour ombrer, du blanc de titane pour éclairer. Les fondus sont rapides et les contrastes bien accentués.

 

La ceinture de cuir et le fourreau de l'épée sont en cuir fauve : noir de bougie, terre d'ombre brûlée, terre de Sienne brûlée, ocre d'or et blanc de titane. Ce mélange permet d'obtenir une couleur bien chaude. L'ensemble est texturé en trompe l'oeil pour simuler une usure modérée.

 

Les ornements dorés sont traités à l'encre d'imprimerie de couleur or mélangée à de la terre d'ombre brûlée. Les lumières sont apportées à l'encre pure étendue au liquin. Ne pas oublier les anneaux que le personnage porte aux oreilles.

 

Le pagne est de tissu blanc cassé : noir d'ivoire, brun Van Dyck, blanc de titane et une pointe d'ocre jaune permettent d'obtenir un aspect sale et fatigué.

 

La cape sera rouge. Elle fournit l'occasion de travailler un effet d'éclairage zénithal ; j'en ai profité pour détailler ma méthode dans le coin technique du site. C'est ici.

 

Enfin, la carnation. Là, problème ! Quelle était la couleur de la peau de Massinissa ? Claire ou sombre ? Une recherche rapide sur Internet montre que les origines des berbères, et donc la couleur de leur peau, donne lieu à débat ... Sur la photo de la boîte, la peau est presque noire. Pourtant Massinissa n'a pas, et loin s'en faut, les traits négroïdes.

Après bien des hésitations, et une version sombre, j'ai donc opté pour une peau hâlée. Dans tous les cas, la gravure du visage se révèle superbe et appelle le pinceau.

 

Voici donc quelques images de Massinissa terminé.

Des vues un peu plus rapprochées

Et le visage en gros plan ; quel bonheur !

Pour conclure cette page, j'ai passé un très agréable moment à la la réalisation de cette pièce, qui m'a procuré l'occasion de quelques recherches : l'histoire de Massinissa n'est pas nécessairement aussi connu que celles d'Alexandre le Grand ou d'Hannibal ...

 

Si sa morphologie ne fait pas l'unanimité, la silhouette élancée et l'attitude pleine de noblesse de cette figurine me semble une représentation pertinente du personnage. 

 

Cette figurine trouvera tout naturellement sa place dans la vitrine, entre Hannibal et bientôt Scipion, puisque ce dernier paraîtra très prochainement chez Art Girona. Quelques heureux, présents à Sèvres en décembre dernier, ont même eu le privilège de se le procurer avec un peu d'avance sur la catalogue ... et je peux vous dire qu'il est très beau ! 

Commentaires fermés sur cette page.